La Congrégation du Grand-Saint-Bernard doit son existence à une initiative originale et audacieuse de saint Bernard de Menthon, archidiacre de l’église d’Aoste. L’exercice de sa charge lui fit connaître de près les nécessités et détresses éprouvées par les passants qui empruntaient le col du Mont-Joux. Outre les fatigues épuisantes du voyage et les périls de la montagne, il leur arrivait de tomber aux mains de brigands qui les dépouillaient et les laissaient à demi-morts. Touché de compassion, saint Bernard construisit au sommet de cette traversée de Alpes une maison hospitalière ouverte à tous les voyageurs. Il y établit une communauté – devenue bientôt une communauté de chanoines réguliers – voués à la louange divine et au service du prochain, de telle sorte que jusque sur ces hauteurs « le Christ fût adoré et nourri ».
Saint Bernard mit cette œuvre, qu’il réalisa également à Colonne-Joux (Petit-Saint-Bernard), sous la protection de saint Nicolas de Myre, déjà largement vénéré par les pèlerins, les marchands et les voyageurs.
L’hymne de l’ancien office des vêpres de saint Bernard chantait : « Le Mont-Joux devint un foyer d’amour où le Christ est adoré et nourri ». Aujourd’hui, la devise de l’hospice du Grand-Saint-Bernard proclame : « Hic Christus adoratur et pascitur » – « Ici le Christ est adoré et nourri ».
L’attention aux nécessités matérielles de ses contemporains n’absorbait pas la charité de saint Bernard. Il n’était pas moins sensible à leurs besoins spirituels, se dépensant sans compter, à travers tout le pays d’Aoste et les régions avoisinantes, dans le labeur apostolique de la prédication, offrant ainsi à son prochain cet autre pain qu’est la parole de Dieu.
A sa mort, sans doute en 1081, saint Bernard laissait ainsi en héritage, à une communauté, un témoignage original de l’hospitalité tant corporelle que spirituelle. Cet idéal d’hospitalité tout comme la conscience de devoir être en communauté pour le recueillir et le réaliser ont animé les fils de saint Bernard au cours des siècles et leur paraissent pouvoir répondre aux attentes du monde d’aujourd’hui.
Dans la tradition de l’hospitalité, la Congrégation veut rester fidèle à son oeuvre d’accueil dans les hospices du Grand-Saint-Bernard et du Simplon, qu’elle habite et entretient avec passion, ainsi que dans les paroisses qu’elle a pris en charge, en Valais (Suisse) et à Hwalien (Taiwan).