Archives - Quelques beaux documents
Un petit millénaire d'histoire invite l'amateur ou le chercheur à entrer dans les douces beautés des documents utilisés par nos prédécesseurs. Le parchemin et le papier ont servi - et servent encore - de supports matériels pour des échanges entre les hommes. Ce sont des exemples éclatants où la matière s'ordonne aux réalités spirituelles ; nous ne voyons pas seulement une peau de mouton tannée au 12ème siècle, plus ou moins abîmée par l'usure du temps, mais un acte juridique, réglant des rapports entre les hommes. La recherche de la vérité, la désir de justice, l'attachement au bien commun qui animaient ces hommes qui furent nos ancêtres devient pour nous une réalité concrète, palpable. Et nous pouvons l'analyser pour comprendre davantage ce qui fait la grandeur de l'homme ; qu'il agisse avec droiture ou bassesse, un appel venant de l'infini l'invite à une élévation. Nous présentons quelques types de documents se trouvant dans les Archives (AGSB).
DOCUMENTS PONTIFICAUX
Privilège de Grégoire IX du 7 mai 1231 (AGSB 205)
Terme technique utilisé pour les documents les plus solennels émis par la curie pontificale.
Ils se reconnaissent à quelques caractéristiques précises :
1. La première ligne est écrite en majuscule et commence avec le nom du
pape et son titre, suivi du nom et du titre du destinataire, Ici "
GREGORIUS EPISCOPUS SERVUS SERVORUM DEI " (Grégoire, serviteur des
serviteurs de Dieu), " DILECTIS FILIIS RECTORI HOSPITALIS SANCTORUM
NICOLAI ET BERNARDI DE MONTE IOVIS, EIUSQUE FRATRIBUS TAM PRESENTIBUS
QUAM FUTURIS REGULAREM VITAM PROFESSIS " (à ses fils bien-aimés le
recteur de l'hospice des saints Nicolas et Bernard de Mont Joux et à
ses confrères qui professent la vie régulière, tant actuels que ceux
qui viendront dans le futur).
2. La fin de la première ligne comprend une formule de perpétuité, Ici " IN PPM ", in
perpetuum (pour la perpétuité, pour la mémoire immortelle des siècles).
3. A la fin
du texte, trois fois " AMEN ". Comme le texte s'arrête en milieu de
ligne, les trois AMEN se suivent de manière rapprochée, celui de milieu
est plus difficile à déchiffrer, car écrit de manière davantage
cursive. Ils manifestent le caractère solennel et irrévocable du
document.
4. La " rota ", l'ancêtre de nos sceaux, contient les noms des saints Pierre et
Paul, colonnes de l'Eglise, et le nom du pape, écrits à l'horizontale.
Entre les deux cercles, la devise du pape est écrite, en rond.
5. Les signatures du pape et des cardinaux. Au milieu, à côté de la rota, la
signature du pape " Ego Gregorius catholice ecclesie episcopus
subscripsi ", moi Grégoire, évêque de l'Eglise catholique, j'ai signé.
Les cardinaux signent selon leur rang : les cardinaux évêques juste
sous la signature du pape, les cardinaux prêtres à la droite du
document, donc à notre gauche, et les cardinaux diacres de l'autre
côté. Le problème de la droite et de la gauche du document relève du
génie. En effet, le sens est donné par la personne qui reçoit le
document. L'envoyé pontifical est censé le lire au récipiendaire, qui
se trouve alors en face de lui pour en écouter la lecture. Le sens du
document est pour celui qui le reçoit. Donc la droite du document -
place d'honneur pour les signatures par rapport à la gauche - se trouve
sur la gauche de celui qui le lit. Cela manifeste la dignité de la
personne qui reçoit un document pontifical : belle astuce pour honorer
la personne à laquelle on écrivait...
6. Le monogramme. La signature pontificale est entourée de deux signes
étranges, la rota que nous avons décrite, et le monogramme, construit
autour de la lettre " N ", c'est le " BENE VALETE " (porte-toi bien).
Nous pouvons nous amuser à en découvrir toutes les lettres, qui
effectivement sont présentes.
7. La datation longue sur la dernière ligne du document " Datum Laterani, per
manum magistri Martini sancte Romane ecclesie vicecancellarii, tertio
nonas maii, indictione IIII, incarnationis dominice anno M°CC°XXX°I° "
(Donné dans notre palais du Latran, écrit par le maître Martin,
vice-chancelier de la sainte Eglise romaine, le troisième jour des
nones de mai, année d'indiction 4 (7 mai), l'an de l'Incarnation du
Seigneur 1231).
8. Le sceau de plomb du pape, rattaché au document avec un fil de soie, ici rouge
et jaune.
Seulement par ces caractéristiques formelles, nous savons qu'il s'agit d'un acte de bienveillance du Saint-siège envers la Congrégation ; ici, le pape Grégoire IX à l'instar de ses prédécesseurs Eugène III, Alexandre III et Luce, prend sous sa protection l'hospice des SS. Nicolas et Bernard de Mont-Joux et confirme ses possessions énumérées au nombre de 84. Le parchemin (52 x 68 cm) est très usé, car il a servi d'acte de propriété des possessions de la Congrégation réparties en Europe (de Londres au Sud de l'Italie), lors des procès. En effet, rares étaient, sous l'Ancien Régime, les souverains qui contestaient l'autorité de la chancellerie pontificale. L'invention des cadastres a permis de ranger ce document dans les archives, laissant ça et là, dans les lieux où cet original a servi lors de procès, des copies authentifiées.
Certains détails nous font deviner de quels types de documents il s'agit : si la cordelette du sceau était en chanvre (ficelle), nous saurions qu'il s'agit d'un acte moins resplendissant, traitant de problèmes matériels ou spirituels. Si, horreur, la ficelle était sur le côté du document, il s'agirait d'une excommunication. Bien sûr, les autres éléments ne seraient pas les mêmes qu'ici !
Lettre gracieuse d'Adrien IV du 4 mars 1156 (AGSB 4697)
Type de document émis
couramment par la curie pour octroyer une grâce, confirmer des us et
coutumes ou des propriétés. Elles ressemblent à des privilèges
simplifiés à l'extrême :
1. Elles sont écrites d'un seul tenant du nom du pape à la datation.
2. Le début de l'acte comprend le nom du pape, toujours en majuscule, dont seule la
première lettre est ornée ; ici le A enjolivé est deux fois plus grand
que les autres majuscules. Le reste (son titre, le nom du destinataire
et la suite du document) est rédigé en minuscule. Ici : " ADRIANUS
episcopus, servus servorum Dei " (ADRIEN, évêque, serviteur des
serviteurs de Dieu), " dilectis filiis preposito et universis fratribus
hospitalis de Monte Jovis salutem et apostolicam benedictionem... " à
ses fils bien-aimés le prévôt du Mont Joux et à tous ses confrères de
l'hospice du Mont Joux, salutation et bénédiction apostolique...
3. Quelques majuscules sont légèrement travaillées. Elles sont l'équivalent de nos
sauts de paragraphes. Au début de la lettre, le pape Adrien IV confirme
au prévôt et aux frères de Mont Joux l'hôpital de Troyes - appelé
Maison-Dieu - avec ses dépendances, donné par F. évêque du lieu et
Henri, comte de Troyes. Au milieu de la neuvième ligne, nous voyons un
N plus beau que les autres, qui introduit une nouvelle idée, celle
qu'aucun homme n'est habilité à aller à l'encontre du présent document.
Enfin, au début de l'avant dernière ligne, le mot " Siquis ", indique
que nous sommes à la dernière idée du document, si quelqu'un venait à
agir à l'encontre de cette confirmation apostolique, il risquerait
l'indignation du Dieu tout puissant et des bienheureux apôtres Pierre
et Paul, autrement dit l'excommunication.
4. La formule de perpétuité, le triple Amen, la rota, le monogramme et les
signatures ne sont pas de mise dans les lettres. Seul le sceau de plomb
appendu à une cordelette de soie, jaune pour celle-ci, permet
d'authentifier cet acte. S'ils sont séparés, la valeur juridique du
document s'estompe.
5. La datation brève conclut la lettre gracieuse : " Dat. Laterani, II nonas
marcii " (donnée au Latran le 4 mars).
La conservation du parchemin (18.9 x 17.5 cm) est remarquable.
Lettre gracieuse de Benoît XIV du 9 avril 1753 (AGSB 914/4)
Il s'agit du même type
de document que le précédent, mais avec les siècles, des détails se
sont modifiés :
1. Ces
lettres sont toujours écrites d'un seul tenant.
2. La
première ligne comprend plusieurs majuscules décorées, le nom du pape
étant toujours le premier de l'acte, avec une majuscule énorme : "
Benedictus Episcopus Servus Servorum Dei Venerabili fratri Episcopo...
: " (Benoît, serviteur des serviteurs de Dieu, à son vénérable frère
l'évêque de Sion...).
3. On ne
peut pas repérer les différentes idées en regardant d'éventuelles
majuscules plus ornées dans le texte, car le texte est presque
indéchiffrable pour le commun des mortels, déjà à cette époque, ainsi
c'est la copie authentique qui permet d'en saisir le contenu. Ici, il
s'agit de la confirmation pontificale de l'élection du prévôt François
Bodmer.
4. Le sceau
de plomb appendu à une cordelette autre que du chanvre, ici de soie
blanche, permet d'authentifier ce type d'acte.
5. La
datation brève conclut la lettre gracieuse : " Datum Romae apud S.
Mariam majorem anno incarnationis Domincae1753 quinto idiis aprilis,
pontificatus nostri anno XIII " (donnée à Rome, à Ste Marie Majeure, le
9 avril 1753, 13ème année de notre pontificat).
6. La série
de signatures et d'annotations qui suivent sont les taxes de
chancellerie.
Ce parchemin (66.5 x 61 cm) possède une valeur esthétique certaine, mais son écriture laisse à désirer. L'ancienne écriture était la minuscule curiale, encore facilement lisible de nos jours. Elle évolue dès le 16ème siècle pour devenir la " littera Sancti Petri " dont nous avons ici un bel exemple. Ainsi, la chancellerie pontificale envoyait chaque fois, à côté de ces lettres gracieuses tardives, une copie authentique en écriture courante, appelée le Transumptum, qui permettait à celui qui recevait le document de le lire. Ce n'est qu'en 1878, que le pape Léon XIII, à peine élu, ordonne la suppression de cette écriture illisible.
Lettre gracieuse de Léon XIII du 14 juin 1888 (AGSB 923/3)
Après la Réforme des documents de
la curie pontificale effectuée par Léon XIII en 1878, ces documents se
sont profondément simplifiés :
1. Ces lettres sont toujours écrites d'un seul tenant.
2. L'écriture commune est lisible. La lettre commence avec le nom du
pape, dont la première lettre est une majuscule ornée, les autres
lettres de son nom sont des minuscules de la hauteur des autres
majuscules de l'acte. Nous pouvons comprendre immédiatement le début du
texte : Léon, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu à son fils
bien-aimé l'ordinaire du diocèse de Sion, salutation et bénédiction
apostolique. La première ligne comprend d'autres majuscules élaborées.
3. Le texte ne comprend que deux mots écrits en plus grand que le reste
du document, le nom du prévôt élu, Théophile Bourgeois, dont la lettre
confirme la nomination par le chapitre.
4. Le sceau de plomb est remplacé par un sceau à encre rouge comprenant
à la fois le nom du pape et les saints apôtres Pierre et Paul.
5. La datation brève conclut la lettre gracieuse : " Datum Romae apud
Sanctum Petrum anno Incarnationis Dominicae 1888, Pridie Nonas Junii,
pontificatus nostri anno XI " (donnée à St Pierre de Rome le 14 juin
1888, 11ème année de notre pontificat).
6. La série de signatures et d'annotations qui suivent sont les taxes
de chancellerie qui se trouvaient auparavant soit immédiatement sous le
texte, soit cachées sous le pli de parchemin auquel pendait la ficelle
tenant le sceau de plomb.
Ce parchemin (49 x 32 cm) n'est que le pale reflet des antiques lettre
gracieuses.
Lettre exécutoire de Grégoire XI du 1er décembre 1374 (AGSB 230)
Type de document émis couramment
par la curie pour régler des problèmes, intervenir dans les affaires
d'un organisme ecclésiastique ou inviter un tiers à le faire.
1. Elles sont écrites d'un seul tenant.
2. Elles commencent avec le nom du pape, dont seule la première lettre
est une majuscule et sans aucun ornement. Le ton est donné, il ne
s'agit pas de réjouissances. Le reste est normalement rédigé en
minuscule et les majuscules sont petites. Ici " Gregorius, episcopus...
" (Grégoire, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu), " dilecto filio
officiali Gebennensi salutem et apostolicam benedictionem " (à son fils
bien-aimé l'official du diocèse de Genève, salutation et bénédiction
apostolique). Ensuite, le pape lui explique ce qu'il attend de lui. En
effet, ayant appris que prévôt et chanoines du Gd-St-Bernard avaient
remis des rentes, terres, vignes, fermes ou autres biens de l'Hospice à
des tiers au grand détriment de cet hospice, il le mandate pour
enquêter à ce sujet et de faire restituer à la Maison de Mont-Joux les
biens qui en ont été distraits.
3. Seul le sceau de plomb appendu à une cordelette de chanvre, soit une
simple ficelle, permet d'authentifier cet acte. S'ils sont séparés, la
valeur juridique du document s'estompe.
5. La datation brève conclut la lettre exécutoire : " Dat. Avinione,
kalendas decembris pontificatus nostri anno quarto " (donnée à Avignon,
le 1er décembre de la 4ème année de notre pontificat).
La conservation du parchemin (28.7 x 22 cm) est assez bonne, cependant,
la fin de la huitième ligne a disparu dans l'usure du pli de la lettre,
ce qui explique qu'une main plus tardive a recopié au-dessus des mots
illisibles le même texte.
Bref de Jules III du 15 avril 1551 (AGSB 275)
Le bref est un des trois types
majeurs de documents pontificaux, avec les privilèges et les diverses
lettres. Ils se distinguent des lettres entre autres par les éléments
suivants :
1. Le nom du pape (nom, pape et numéro) vient au milieu de la première
ligne, ici " Iulius. Pp. III " (Jules, pape, 3ème du nom).
2. Au début du texte, écrit d'un tenant, le pape s'adresse au
destinataire au vocatif, sans l'indication de son nom, puis le salue :
" Venerabiles fratres et dilecte fili salutem et apostolicam
benedictionem " (Vénérables frères et fils bien-aimé, salut et
bénédiction apostolique).
3. A la datation, après l'indication du lieu (ici Donné à St Pierre de
Rome), vient l'annonce du sceau " sub annulo piscatoris " (scellé par
l'anneau du pêcheur), c'est le motif de l'anneau pontifical.
4. Le jour du mois est indiqué selon le style moderne, ici " die XV.
Aprilis MDLI " (le 15 avril 1551).
5. A droite, au-dessous du texte, se trouve la signature d'un des
secrétaires, ici " Rom. Amaseus ".
Ici, c'est un bref du pape Jules III mandant à l'archevêque de
Tarentaise, à l'évêque de Sion et à l'abbé de St-Maurice que le prévôt
et ses chanoines étant exempts de la juridiction des ordinaires, ils ne
permettent pas qu'ils soient encore molestés dans la jouissance de
cette immunité par l'évêque d'Aoste.
Le parchemin (49 x 22 cm) comporte plusieurs taches. Il est attaché par
une ficelle à deux pièces en papier, en mauvais état, qui sont une
supplique à l'archevêque de Tarentaise et le placet du Sénat de
Chambéry à l'exécution du bref.
Forma Juramenti, probablement un faux, vers 1510 (AGSB 887)
Il s'agit d'un Serment
de fidélité au St-Siège de l'évêque de Sion Mathieu Schiner qui se
proclame prévôt commendataire perpétuel du Gd-St-Bernard. Il s'agit
probablement d'un faux pour les raisons suivantes :
1. Il ne correspond à aucun type de document de la chancellerie
pontificale.
2. Le document commence avec les termes " Moi, Mathieu, évêque de Sion
". En toute logique, il doit se terminer par sa signature ou son sceau,
et pas celui d'une autre autorité. Sans authentification, ce document
serait une formule préparée pour être proclamée, mais qui n'a pas été
utilisée. Ici, le problème réside dans le fait qu'est appendu au
document le sceau d'une autre autorité !
3. En regardant de près, le sceau de plomb du pape Jules II est mis à
l'envers, ce qui est presque impossible pour la chancellerie
pontificale. De plus, le fond du document n'est pas plié en deux pour y
attacher la ficelle du sceau, coutume de la chancellerie romaine pour
éviter que le document ne se déchire à la longue.
4. La ficelle de chanvre comprend un grand nœud entre le document et le
sceau. En regardant le nœud de près, nous voyons en tous cas la fin
d'un morceau de ficelle. Avec les éléments précédents, nous concluons
que le sceau vient d'ailleurs et qu'il a été mis ici pour appuyer de
l'autorité pontificale un document qui n'émane pas de sa chancellerie !
De plus, l'histoire de la Congrégation nous précise que l'évêque de
Sion Mathieu Schiner (1499-1522), créé cardinal en 1511, n'a pas eu
l'occasion de prêter ce serment, car Jean de la Forêt a obtenu la
commende de la prévôté en 1510.
Le parchemin (41 x 30.5 cm) est découpé sur les bords supérieurs et
inférieurs, probablement pour attirer l'attention du lecteur sur ce
détail et masquer ainsi la tromperie.
DOCUMENT CONCILIAIRE
Lettre gracieuse du Concile de Bâle du 23 mai 1436 (AGSB 248)
Qui possède l'autorité suprême
dans l'Eglise ? Cette question a été longuement débattue, à la fin du
Moyen-Âge. Le courant pontifical maintenait la suprématie de Pierre et
de ses successeurs dans les affaires concernant le gouvernement de
l'Eglise (par droit divin), tandis que le courant conciliariste pensait
que l'ensemble des évêques réunis en concile pouvait exercer une
autorité égale à celle du pape qui, lui, jouissait de manière
habituelle d'une autorité suprême hors les périodes de concile. Le
problème se complexifie lorsque, dans ces luttes de pouvoir, il faut
statuer pour savoir quelle est l'instance compétente pour convoquer un
concile. Si réellement l'autorité du pape est égale à celle du concile,
il n'a pas intérêt à en convoquer... La Constitution dogmatique
concernant l'Assomption de la Vierge Marie (1950) a été signé par le
pape Pie XII, qui mentionne la large consultation de l'épiscopat
mondial, tandis que les actes du dernier concile du Vatican sont signés
par le pape Paul VI, puis par les évêques, reconnaissant ainsi, d'une
manière différente, la suprématie de juridiction de Pierre et
l'importance de la communion dans la foi. Au 15ème siècle, deux
conciles de réforme de l'Eglise, ceux de Constance et de Bâle, se sont
réunis sans le Pontife en charge, et parfois en opposition à ce
dernier. Ils ont institué une chancellerie qui suit de manière
quasiment fidèle les modèles pontificaux. La Congrégation du
Grand-Saint-Bernard conserve quelques documents, dont cette lettre
gracieuse du 23 mai 1436 :
1. Elle est écrite d'un seul tenant.
2. Le début de l'acte comprend le nom de l'autorité émettrice, dont le
premier mot est en majuscules ornées : " SACROSANCTA et generalis
Sinodus Basiliensis in spiritu sancto legitime congregata universalem
ecclesiam representans " (sacrosaint concile général de Bâle, réuni
légitiment dans l'Esprit Saint et représentant l'Eglise universelle).
Suit le nom du destinataire : " dilectis ecclesiae filiis preposito et
capitulo sanctorum Nicolai et Bernardi Montis Iovis... " (à ses fils
bien-aimés le prévôt et le chapitre des saints Nicolas et Bernard de
Mont Joux, de l'ordre de saint Augustin, situés dans le diocèse de
Sion), puis la salutation " Salutem et omnipotentis dei benedictionem "
(salutation et bénédiction du Dieu tout puissant). Ce qui est
intéressant, en remplaçant le nom du pape par celui du concile, c'est
qu'il faut opérer des changements :
a. Légitimer l'acte, en précisant que le concile légitiment assemblé et
représentant l'Eglise universelle et donc possède une juridiction sur
toute la chrétienté.
b. Le concile ne peut pas envoyer
la bénédiction apostolique, terme technique réservé au Saint-siège,
mais il prétend faire mieux avec la bénédiction du Dieu tout puissant.
3. Quelques majuscules légèrement travaillées indiquent des changements
d'idées, semblables à nos sauts de paragraphes. Il s'agit ici de la
confirmation et le renouvellement par le Concile de Bâle de l'immunité
concédée par le pape Innocent IV au prévôt et aux frères de Mont-Joux
en vertu de laquelle ils ne sont pas tenus à concéder des bénéfices
attribués à des clercs même par lettres apostoliques. Les deux derniers
paragraphes, contenant dans les lettres de la curie pontificale les
formules d'excommunication pour les contrevenants sont reprises et
modifiées : ce n'est plus l'indignation du Dieu tout puissant et des
bienheureux apôtres Pierre et Paul, mais l'indignation du Dieu tout
puissant et de l'Eglise universelle.
4. Le sceau de plomb du Concile authentifie l'acte. Nous y lisons la
légende " + SACROSANCTA GENERALIS SINODUS BASILIENSIS ", sur le revers
est frappée l'image des pères assemblés sous la colombe de l'Esprit
Saint, le Christ bénissant le tout. La cordelette n'est pas de soie,
mais de chanvre, ce qui n'est pas conforme aux us de la chancellerie
pontificale, mais assez habituel à ce Concile.
5. La datation brève conclut la lettre gracieuse : " Dat. Basilee X kl
Junii Anno a Nativitate Domini 1436 " (donnée à Bâle le 23 mai 1436).
Le parchemin (42.5 x 33 cm) est dans un bon état de conservation.
DOCUMENTS CARDINALICES
Indulgence collective du 14 juillet 1418 (AGSB 4557)
Durant les 15ème et
16ème siècles, des cardinaux émettaient des documents accordant des
indulgences de portée modestes à des tiers, qui se reconnaissent aux
caractéristiques suivantes :
1. Elles sont de format assez grand, permettant une proclamation
publique des indulgences concédées. Elles pouvaient être affichées sur
la porte des églises en question. Ici, c'est le cas et pour la grandeur
du document (66.9 x 51.5 cm, écrit en grand) et pour l'affichage, car
des morceaux de ficelle encore fonctionnels ont été ajoutés au sommet
du document pour le suspendre à des clous.
2. Elles débutent par
une formule qui dit à qui s'adresse l'indulgence, avant de donner les
noms des cardinaux selon leurs ordres respectifs, puis le nom de
l'église à laquelle l'indulgence est concédée. Ici " UNIVERSIS Et
Singulis Presentes Litteras visuris et audituris " (A tous et chacun
qui verront ou entendront cette lettre), suivi des noms des cardinaux,
puis de l'hospice du monastère des saints Nicolas et Bernard de Mont et
Colonne Joux, dans le diocèse de Tarentaise, c'est l'hospice du
Petit-saint-Bernard.
3. Le
contenu est une indulgence de 100 jours à déduire des pénitences qui
leur auront été imposées, accordée aux fidèles qui visiteront l'église
du monastère à certaines fêtes (Noël, Circoncision, Epiphanie, Rameaux,
Pâques, Ascension, Pentecôte, Trinité, Fête-Dieu, à toutes les fêtes de
la Vierge, à la nativité et la décollation de St Jean Baptiste, à la
Sts Pierre et Paul et à toutes les autres fêtes des apôtres et
évangélistes, à l'invention et à l'exaltation de la Ste Croix...) ou
qui lui feront des largesses.
4. La date
brève en formulation moderne : " Dat. Gebenn. XIIII° die mensis Julii
Anno domini 1418, pont. Domini M[artini] V, anno primo " (donnée à
Genève, le 14 juillet 1418, la première année de pontificat du pape
Martin V).
5. Appendus
au pli de l'acte par des cordelettes de chanvre, les sceaux sur cire
rouge des cardinaux, selon l'ordre des noms du début du document, ce
qui est le cas. Sur le pli. Au fond à droite, le nom du scribe, ici
Reinhardus Ringvolber, qui souvent travaille aussi pour la chancellerie
pontificale.
Souvent, les
majuscules de la première ligne sont peintes avec des couleurs
différentes, ce qui n'est pas le cas. Il semble que ce soit le document
des archives qui contienne le plus grand nombre de sceaux.
Documents de légat pontifical : les Constitutions de 1438 (AGSB 694)
En 1438, le cardinal
Jean Cervantès, originaire de Séville, est légat pontifical pour la
réforme des constitutions de la Congrégation des chanoines du
Gd-St-Bernard. Il laisse un splendide témoin de sa légation :
l'exemplaire approuvé des constitutions. Cet ouvrage comprend (nous
suivons la foliotation moderne au crayon) :
1. La page
de titre (fol. 1), de la main du coadjuteur Boniface (+ 1728)
2. La table
des matières des Constitutions de Benoît XII (fol. 2)
3. Le début
du 1er document émis par le légat (fol. 3)
4. Les
constitutions que le pape Benoît XII a données aux chanoines réguliers
à Avignon le 15 mai 1339 (fol. 4-42v)
5. La fin du
1er document du légat, authentifié par le notaire " Henricus Hamerbeke
" (fol 42v -43v)
6. La règle
de St Augustin (fol. 44-49).
7. Les
constitutions et statuts de l'ordre des SS. Nicolas et Bernard de
Mt-Joux (fol. 52-83v). .La table des matières des constitutions (fol
52), légèrement enluminée, contient les armes du légat, le cardinal
Cervantès, ainsi que celles du prévôt Jean d'Arces.
8. Le décret de
promulgation des constitutions ou 2ème document émis par le légat, qui
comprend entre autres la copie de la lettre gracieuse qu'Eugène IV lui
a envoyée pour lui donner cette mission (fol 52-56)
9. Confirmation par le même notaire (fol 83v)
10. Instruments relatifs aux constitutions (fol. 83v-93v).
Le 2ème document du
légat (fol. 52-56) comprend les éléments formels suivants :
1. Son nom " Iohannes " (Jean), suivi de l'expression " miseratione
divina ". Comme pour les documents pontificaux, la première lettre de
son prénom est une majuscule décorée, ici très enluminée.
2. Son titre
cardinalice " Tituli Sancti Petri ad Vincula sancte Romane Ecclesie
presbiter cardinalis " (cardinal prêtre de la sainte Eglise romaine, au
titre de Saint Pierre-aux-liens).
3. L'indication précise de sa légation " Reformator hospitalis
sanctorum Nicolai et Bernardi Montis Jovis ordinis sancti Augustini...
a sancta Sede apostolica specialiter deputatus... " (Réformateur de
l'hospice des saints Nicolas et Bernard de Mont-Joux... spécialement
délégué par le Saint Siège Apostolique).
4. L'adresse " Venerabilibus et religiosis viris preposito priori et
conventui ac fratribus ejusdem hospitalis " (aux vénérables et
religieux messieurs le prévôt, le prieur, le couvent et les confrères
de ce même hospice).
5. La salutation " Salutem in domino " (salutation dans le Seigneur).
6. La date brève en formulation moderne se trouve à la fin des
constitutions (fol 82v-fol 83), l'an du Seigneur 1438, d'indiction
1ère, le 15 mai, la huitième année du pontificat d'Eugène IV.
7. L'ouvrage dans son entier est traversé, près de la reliure à 3 cm du
fond des pages (16.5 x 25.2 cm), par deux cordelettes de chanvre. La
première va du début du volume au fol. 50 y compris et retourne au
début du volume. La seconde part de la fin du volume et revient
jusqu'au fol. 51 y compris et retourne à la fin du volume.
Chacune commence et se termine au milieu d'une des planchettes évidées de la reliure et maintient en place le sceau sur cire rouge du légat, ayant la légende suivante : " Sigillum Iohannis tituli sancti Petri ad vincula presbiteri cardinalis ". Ainsi deux documents reliés ensemble sont authentifiés séparément, ce type d'authentification est en plus très rare, ce qui donne à ce volume une valeur historique certaine non seulement pour l'histoire de la Congrégation, mais encore pour la diplomatique des légats pontificaux.
Remarquons la beauté de la reliure ; la peau de la reliure dépasse, faisant une sorte de queue avec un nœud, afin que le Prévôt puisse suspendre ce codex à sa ceinture les jours de fête pour manifester que les règles de vie doivent être portées sur soi, vécues. 4 cabochons en laiton rehaussent sa sobre beauté extérieure.
Cet exemplaire approuvé des constitutions peut se ranger dans une pochette de cuir gaufré, ayant pour motifs des tulipes dont les alentours sont rehaussés de peinture rouge.
DOCUMENTS EPISCOPAUX
Ils sont dérivés des modèles de la chancellerie pontificale et, habituellement, beaucoup plus modestes.
Restitution d'églises en 1168 (AGSB 3019)
Amédée, évêque de Sion, après
avoir inquiété longtemps les frères de Mont-Joux au sujet des églises
de Martigny, et autres situées dans la diocèse de Sion, reconnaît qu'il
a commis une grande faute et, aux prières de Pierre, archevêque de
Tarentaise et d'autres ecclésiastiques, il remet aux frères de
Mont-Joux l'investiture des églises qu'ils avaient possédées au temps
de ses prédécesseurs.
Ce document est particulièrement intéressant pour trois motifs
principaux :
1. Il énumère, outre l'évêque de Sion Amédée, des témoins de l'église
locale : Pierre, archevêque de Tarentaise; Bernard, archidiacre
d'Aoste; Barthélemy et Galilée, doyens de l'église de Sion; Emmo, Vido,
Glarembald et autres chanoines; Pierre de Martigny (Martiniacensis).
2. Il est clairement daté : " Hoc factum est tempore urdrici prepositi
montis iovis Regnante frederico imperatore anno M°C°LX°VIII ab
incarnacione christi " (ceci a été fait au temps d'Urdricus, prévôt du
Mont-Joux, l'empereur régnant étant Frédéric 1er Barberousse
(1155-1190), l'an de l'incarnation du Seigneur 1168).
3. Le sceau concave, sur cire brune, appendu au bas de l'acte par deux
cordelettes de chanvre est presque intact. Il présente un évêque crossé
et mitré, debout, en aube et chasuble bénissant, avec la légende " +
ARCHIEPISCOPUS TARENTASIE. ". C'est le sceau de l'archevêque de
Tarentaise, métropolite de l'évêque de Sion à cette époque, qui invite
son suffragant à faire amende honorable.
Le parchemin (17.5 x 26.3 cm) est parfaitement lisible et bien conservé.
Fulmination d'une excommunication le 26 mai 1483 (AGSB 264)
Fulmination par André de
Malvenda, chanoine et official du diocèse de Genève d'une lettre
exécutoire ou d'une lettre close du pape Sixte IV, datée du 8 avril
1483, adressée à l'abbé de St-Maurice et à l'official de Genève pour
mettre en application son contenu, c'est-à-dire excommunier ceux qui
détiennent injustement des biens de la prévôté du Gd-St-Bernard et
particulièrement les biens laissés par le défunt chanoine Humbert
Perrini. A la suite de la fulmination, au dos du parchemin (58 x 59
cm), nous pouvons lire son exécution dans diverses paroisses du diocèse
de Genève.
L'authentification de l'acte est assurée par le notaire qui y a apposé
son paraphe (au fond à gauche, sorte de dessin attribué à un notaire
pour tous les actes juridiques de sa vie, qui est en quelque sorte
l'ancêtre des sceaux des notaires) et par le sceau en cire brune de
l'official de Genève, dans une boîte ronde en bois.
De manière habituelle, les lettres pontificales qui nécessitent une
intervention extérieure pour régler un conflit doivent être fulminées
par un évêque, fulminer signifiant lancer la condamnation, mettre
juridiquement en application la décision prise, ici l'excommunication.
Institution canonique, le 24 juin 1493 (AGSB 4468)
Très bel acte, suivant
la logique des lettres de la chancellerie pontificale. Nous y
reconnaissons, dans l'ordre :
1. En lettre majuscule uniquement le nom de l'évêque François de Prez,
suivi par son titre en minuscule, par la grâce de Dieu et du Siège
apostolique évêque d'Aoste.
2. Le nom du destinataire, à notre fils bien-aimé en Jésus-Christ Louis
Forré chanoine régulier de la prévôté des saints Nicolas et Bernard de
Mont Joux, de l'ordre de saint Augustin.
3. La salutation " salutem et sincera in domino caritatem " (salut et
sincère charité dans le Seigneur).
4. Le contenu, soit l'évêque institue curé d'Etroubles le chanoine
Louis Forré, à la suite du décès de l'ancien curé, le chanoine Jean de
Valleta. Il est présenté par François Chabaud, vicaire général de Jean
Orioli, administrateur de la prévôté pour le prévôt Louis de Savoie.
5. La date, ici de manière moderne, Donnée dans notre palais épiscopal
en ville d'Aoste le 24 juin 1493.
6. L'authentification est assurée par la présence de deux témoins Jean
Pugeti, prêtre, et Bernard Botery, camérier de l'évêque, par la
signature du secrétaire de l'évêque un certain Guichardi, annoncée au
milieu de la 3ème ligne avant la fin (" ... per secretarium nostrum
subscriptas... "), ainsi que par le sceau de l'évêque plaqué sur
papier, appendu sur simple queue de parchemin. Le parchemin (47.2 x
22.6 cm) est bien conservé, avec cependant quelques trous le long du
dernier pli horizontal.
DOCUMENTS DE LA CONGREGATION
Fragment de manuscrit du milieu du 11e siècle (AGSB 2565)
Deux folios tirés d'un lectionnaire. Ils contiennent 2 légendes de saints; la 2ème est celle de St-Nicolas de Mire, soit le début de sa légende divisé en 3 péricopes, chacune suivie du début du répons à chanter qui est neumé. Ce document est probablement le reste d'un cahier concernant saint Nicolas qui est mentionné dans le premier inventaire de l'hospice effectué en 1419 (AGSB 1159, fol 2v). Ces 2 folios de parchemin (15.9 x 22.1 cm) sont encore lisibles, mais sont criblés de petits trous, qui rappellent que durant quelques siècles ils ont servi de page de garde à un manuscrit et que la colle de poisson qui les maintenait en place a été mangée par de petits vers qui ont laissé des traces de leur voracité.
Décision capitulaire du 24 août 1225 (AGSB 204)
Le chapitre réuni à l'hospice du
Gd-St-Bernard décide que les frères ayant prieuré ou administration en
Lombardie qui doivent à cette maison des rentes en blé ou en porcs ne
les paieront pas en nature mais en argent à raison de 20 écus de Suse
pour un muid de blé et 8 pour un porc, sous peine de suspense de son
office, pour ceux qui ne s'acquittent pas de leur dû. Le prévôt Pierre
se dit humble serviteur des pauvres du Mont-Joux.
Notons la double authentification par le sceau du prévôt, en bon état,
et celui du chapitre, dont il ne reste qu'un morceau. A part cela, le
parchemin (16.5 x 9.2 cm) est en bon état.
Convocation au chapitre datée du 8 août 1669 (AGSB 906/2)
Du prieuré de St-Jaquême d'Aoste,
le prévôt Antoine Buthod convoque ses chanoines à se réunir en chapitre
le 13 août prochain dans la maison de St-Oyen, à 6 heures du matin. Il
a signé la convocation et y a apposé son sceau sur papier.
L'intérêt du document se trouve du côté des destinataires. En effet,
chaque chanoine qui reçoit ce papier le signe, puis le passe au
suivant. A la fin, la convocation retourne chez le prévôt. Il était
courant que plusieurs convocations circulent en même temps, dans les
diverses zones géographiques où les chanoines exerçaient leur
ministère. Au dos de ce papier (22.5 x 32 cm), nous lisons : "Mandat
pour assembler le chapitre 1669 le 13 aoust pour approuver la
nomination de coadjuteur en faveur de Mr Norat".
Nomination du 14 septembre 1512 (AGSB 889)
De Thonon, le prévôt commendataire Jean de la Forêt institue son vicaire général au spirituel et au temporel en la personne du chanoine Louis Forré, cellérier de la maison du Gd-St-Bernard. Signé et scellé (sceau sur papier en bon état) par Jean de la Forêt.
Comptes du cellérier de 1397 à 1398 (AGSB 1154)
Comptabilité du cellérier (ou procureur ou économe général) du Gd-St-Bernard pour l'année 1397-1398 qui s'appelait alors Humbert Forestier plus connu sous le nom d'Humbert d'Etoy. Il était en même temps prieur claustral et prieur de Bourg-St-Pierre. Le texte de 17 folios (22 x 30 cm) a souffert des mauvaises conditions de conservation qui ont rendu l'écriture, d'ailleurs bien formée, indéchiffrable par endroits. Pour la transcription, voir Vallesia XXVIII (1973), p. 13-35.
Registre des passants (AGSB 2866/3) de 1820 à 1821
Registre sans titre, appelé selon M. le chanoine L. Quaglia "Livre des voyageurs" contenant les signatures, qualités et adresses des voyageurs, leurs réflexions, poésies, etc. en diverses langues. De tels registres étaient à disposition des passants du 19 juillet 1812 au 23 juin 1970 (36 volumes). Après cette date, ils ne sont plus nécessairement conservés. Ce volume (19.5 x 27.5 cm) va du 27 juillet 1820 au 12 novembre 1821 et comprend 56 pages utiles.
Terrier sous forme de rouleau de parchemins allant de 1396 à 1482 (AGSB 3742)
Registre de
reconnaissances contenant 12 actes notariés du 8 avril 1396 au 11 avril
1482, concernant la paroisse de Sembrancher (35 x 485 cm). Il s'agit du
" grand-père " de nos registres d'impôts. La paroisse de Sembrancher,
dépendant temporellement de l'hospice du Grand-Saint-Bernard possédait
quelques propriétés, louées à des tiers qui chaque année versaient une
partie des revenus de ces terrains à la paroisse. En plus, des
paroissiens payaient des services en nature. Le curé - chanoine du
Grand-Saint-Bernard - gardait pour lui ces revenus et pouvait en
transmettre le surplus à l'hospice.
Chaque dix ans en moyenne, ces registres étaient renouvelés, on y
apprend le nom des locataires, de leurs parents auxquels souvent ils
succèdent pour travailler les terres, des voisins de parcelles et de ce
qui y est cultivé. Ainsi les généalogistes se délectent de ce genre
d'ouvrages. Vers les dernières lignes de chacun de ces actes de
reconnaissance, nous voyons une seconde écriture, celle du notaire qui
y appose son paraphe, qui est l'ancêtre des sceaux de notaires, sorte
de petit dessin, qui ressemble ici à un carré surmonté d'une croix.
A la Révolution française, les incendies de châteaux ou de maisons
religieuses avaient pour but de faire disparaître ces registres : Sans
registre notarié, il était impossible de prouver à qui appartiennent
les terres et donc de lever un impôt...
Ici, la 3ème reconnaissance, datée du 2 mai 1455, nous apprend que Jean, fils de Pierre Jaquin de Sembrancher, habitant Bex, reconnaît en faveur de l'église paroissiale de Sembrancher et à son curé une aumône annuelle d'un fichelin de seigle (mesure de Sembrancher) légué par son ancêtre Jeannette et un autre fichelin de même légué par ses ancêtres à titre d'aumône, ces revenus rachetables pour 12 sous, suit le paraphe du notaire Jean de Loës. Rachetable signifie que si le locataire désire devenir propriétaire ou faire cesser l'impôt, il doit verser la somme convenue et la terre lui appartient.
Terrier sous forme de registre de 1514 à 1531. (AGSB 1761)
Registre de
reconnaissances, contenant 82 actes notariés entre le 18 février 1514
et le 3 avril 1531, concernant la rectorie de Sion (68 fol paginés et 3
fol de tables).
La rectorie de Sion, maison appartenant à l'hospice du
Grand-Saint-Bernard possédait quelques propriétés dans le Valais
central, qui étaient en quelque sorte louées à des tiers qui chaque
année versaient une partie des revenus de ces terrains à la rectorie. A
son tour, la rectorie donnait à l'hospice une partie de ce qu'elle
récoltait.
DOCUMENT IMPERIAL
Diplôme d'Henri VI le Cruel du 30 mars 1180 (AGSB 195)
Non seulement les autorités
ecclésiastiques soutenaient l'hospice du Gd-St-Bernard, mais encore les
autorités civiles. En 1177, le pape Alexandre III confirmait à ce
monastère, par un privilège (AGSB 194), 78 églises ou bénéfices
répartis le long d'une ligne droite d'environ 2000 kilomètres allant de
Londres à la Pouille, au sud de l'Italie. Trois ans plus tard,
l'empereur Henri VI, fils de Frédéric 1er Barberousse, émet ce diplôme.
Nous y voyons des caractéristiques formelles des actes solennels :
1. Il commence avec une majuscule ornée, première lettre du nom de
l'empereur, suivie de son titre " Henricus, Dei gratia, Romanorum Rex
et semper augustus " (Henri, par la grâce de Dieu roi des romains (du
Saint Empire romano germanique) et toujours auguste).
2. Le nom du destinataire " dilectis suis praeposito sancti Bernardi de
Monte Iovis et toti conventui " (à ses bien-aimés le prévôt du Saint
Bernard de Mont Joux et à tout son couvent).
3. La salutation " gratiam suam et bonam voluntatem " (sa grâce et sa
bonne volonté).
4. Le contenu " ... nos pro remedio peccatorum nostrorum et salute
anime nostre domui vestre annuatim viginti marcas argenti largiri
volumus ... assignare... " (pour le remède de nos péchés et le salut de
notre âme, nous voulons assigner à votre maison, chaque année, la somme
de 20 marcs d'argent... payables à Noël). L'empereur termine par un
beau désir : " Nostri itaque et antecessorum nostrorum in orationibus
vestris memoriam habeatis " (veuillez faire mémoire de nous et de nos
prédécesseurs dans vos prières).
5. La date brève conclut le diplôme " Dat. Mediolani III° kalendas
Aprilis " (donné à Milan le 30 mars), et par recoupements historiques,
il pourrait s'agir de l'année 1180.
6. L'authentification est cette fois le sceau impérial sur cire brune,
un peu endommagé ici, représentant probablement l'empereur assis sur
son trône (tête, mains et pieds sont tombés), suspendu sur une
cordelette de soie jaune.
DOCUMENTS ROYAUX
Approbation d'une convention, 18 juillet 1290 (AGSB 4735)
Le 18 juillet 1290, à
Westminster, le roi Edouard 1er d'Angleterre approuve une convention
passée en 1274 entre sa mère Aliénore et le prieur de Hornchurch, au
sujet d'un chapelain qui célèbre les offices religieux chaque jour dans
le manoir d'Havering, proche de ce prieuré. Les 46 sous de redevance
que devaient à la reine les chanoines de Hornchurch seront affectés à
ce chapelain. Il s'agit d'un acte interne au prieuré de Hornchurch,
situé dans le diocèse de Londres, qui dépendait des chanoines du
Grand-Saint-Bernard de 1159 à 1392, date de sa vente lors de la
construction du collège Sainte Marie de Wincester à Oxford.
Ce diplôme frappe par sa solennité :
1. Il débute avec le nom du roi d'Angleterre, la première ligne du
document contenant plusieurs lettres ornées.
2. Il est authentifié par le sceau royal en cire verte, majestueux (7.5
x 9 cm), appendu sur cordelettes rouge et verte, et assez bien
conservé. Nous y voyons le roi assis sur son trône gothique. En
contre-sceau, un chevalier sur sa monture brandissant une épée.
Le parchemin (26.5 x 22.8 cm) est un peu rongé sur les bords, avec
quelques trous.
Mise en faillite, 9 juillet 1459 (AGSB 4711)
Lettre originale du roi Charles
VIII adressée au premier huissier du parlement. Huguenin Miletot,
marchand demeurant à Dijon, lui ayant exposé que feu Jean Pilet, prieur
de Val-Suzon, lui devait 4 frs et 7 gros et qu'il a fait séquestrer par
le juge compétent les meubles périssables du défunt, le roi ordonne que
ces meubles soient vendus à l'enchère, nonobstant l'appellation du
prévôt Jean de Grolée, pour solder les dettes du prieur, le surplus
allant à qui de droit. Nous relevons les détails suivants :
1. Le document est écrit en français.
2. Il débute par le nom et le titre du roi : " Charles par la grâce de
Dieu roi de France... "
3. Il se termine par la date : " Donnée à Paris le neufième jour de
juillet l'an de grâce mil CCCC cinquante neuf et de notre règne le
XXXVIIème. "
4. L'authentification se fait par la mention " par le conseil ", la
signature et le paraphe du notaire, ici Valengelier, ainsi que par le
sceau royal, ici à moitié conservé, plaqué sur cire brune et sur simple
queue de parchemin, le contre-sceau est par contre entier.
Le parchemin (34.5 x 17.2 cm), fortement taché, semble avoir souffert
de l'humidité.
Lettres de noblesse accordées par Louis XIV, mai 1674 (AGSB 4994)
Fragment de parchemin (57 x 9.5 cm) des lettres de noblesse accordées à Claude Texier, capitaine général des Charrois de l'Artillerie, par le roi de France Louis XIV. Il ne reste que le bas du document, où ne figure même pas le nom de Texier, et au centre duquel on a collé un carré de parchemin portant les mots " par le Roy ", et une signature avec paraphe. Un regeste est écrit sur une partie du parchemin (7 x 9.5 cm) rabattue et collée sur la gauche du parchemin. Il s'agit d'un don de Madame Duflon, de Genève, en octobre 1970. A signaler la signature " Louis ", pour Louis XIV.
DOCUMENTS COMTAUX
Lettre patente ou diplôme de protection, 13 août 1288 (AGSB 214)
Amédée V, comte de Savoie, délivre un diplôme de protection
en faveur de l'Hospice de Mont-Joux, le vendredi avant l'Assomption
1288 (soit le 13 août), depuis sa résidence du Bourget.
Le document débute avec le nom du comte " Nos Amedeus comes Sabaudie "
(nous Amédée, comte de Savoie), et se termine avec la date et le sceau,
ici en cire noire et assez bien conservé. Le parchemin (18.6 x 11.3 cm)
est en excellent état.
Sauf-conduit, 10 août 1466 (AGSB 257)
Sauf-conduit délivré à Ivrée par le duc Amédée IX de Savoie en faveur de son frère François, prévôt de Mont-Joux, dans lequel il déclare que les chanoines de la prévôté sont exempts de tout droit de gabelle et de péage dans ses Etats pour tout ce qui est nécessaire au service de la prévôté.Le document débute avec le nom du duc " Amedeus dux Sabaudie... " (Amédée, duc de Savoie).
La première ligne n'a rien à envier aux lettres solennelles de la chancellerie pontificale, dont nous retrouvons une partie des éléments : le nom du duc est écrit en grand, la majuscule étant particulièrement ornée. La suite de la ligne comprend de nombreuses lettres ayant des hampes surhaussées.
Le sauf-conduit se termine par la date et le sceau du duc en cire rouge, dans une boîte ronde en bois. Le parchemin (52 x 35 cm), assez gondolé, nous est parvenu dans un bon état de conservation.
Confirmation d'immunités, 20 février 1676 (AGSB 318)
Marie-Jeanne-Baptiste,
duchesse de Savoie, confirme les privilèges, exemption, immunités et
faveurs accordées par ses prédécesseurs depuis 1234 jusqu'en 1669, en
faveur du prévôt et des chanoines du Gd-St-Bernard.
L'authentification de l'acte est assurée et par la signature de la
duchesse, Marie-Jeanne-Baptiste, et par son sceau de cire rouge,
conservé dans une boîte en métal. Le parchemin (52 x 46 cm), rédigé en
français, est relativement bien conservé.
DOCUMENTS EMIS PAR DES AUTORITES CIVILES
Permission de quêter, 6 mai 1574 (AGSB 2263)
Berne accorde à Pierre
Yblet la permission de quêter pour le Gd-St-Bernard pendant une année
sur ses terres. L'acte est authentifié par le sceau de Berne plaqué sur
papier et bien conservé.
Ce qui est remarquable dans cet acte, c'est l'ouverture " œcuménique "
de Berne. En raison de l'hospitalité exercée à l'hospice du
Gd-St-Bernard sans distinction de race ou de religion, même les pays
protestants permettaient à ces quêteurs catholiques d'exercer leur
mission. Le papier (22.5 x 33 cm), rédigé en allemand, est très bien
conservé.
Approbation de transaction, 2 décembre 1602 (AGSB 4655)
Le préteur (avoyer) et
le Sénat de Fribourg approuvent la transaction passée entre l'Etat, le
chapitre de Fribourg et la prévôté du Gd-St- Bernard, au sujet des
bénéfices du Gd-St-Bernard situés dans le territoire de Fribourg, le 18
août de l'année présente. Il s'agit des derniers actes concernant les
bénéfices du Gd-St-Bernard dans le canton de Fribourg, car ils sont
remis au chapitre de St-Nicolas, moyennant de l'argent.
L'authentification de l'acte est assurée par la signature
du secrétaire Antoine de Montenach et par le sceau de la ville de
Fribourg, bien conservé dans une capsule de bois, appendu sur simple
queue de parchemin. Le parchemin (47 x 33.1 cm) est aussi en excellent
état de conservation.
>DOCUMENTS PRIVES
Vente d'un terrain, 6 novembre 1284 (AGSB 211)
Alexandre dit Clerc, de
St-Rémi (Val d'Aoste), du consentement de son épouse Jacobée, vend à la
maison des pauvres de Mont-Joux un pré situé sous l'Echelle (la Corde)
de Mont-Joux jouxtant les biens de Mont-Joux, au prix de 50 sous de
Vienne, que lui a payés le chanoine Thomas de Vevey, sacriste de la
maison de Mont-Joux.
L'acte de vente rédigé sur parchemin (15.3 x 10 cm) est authentifié par
le paraphe du notaire Jacques Boneti, placé au début et à la fin de
l'acte, ainsi que par la présence des deux témoins mentionnés dans le
texte : Thébald, recteur de l'église de St-Rémi et Pierre, métral du
lieu.
Messe fondée, début avril 1248 (AGSB 2567)
Jacques des Cours (de
Curiis) donne à la maison de Mont-Joux une rente de 12 sous assignée
sur un pré et une montagne située à Vois (?) au lieu-dit Arzey, allant
jusqu'à la crête de la montagne. Il fait cette donation pour le salut
de Guillaume Turre et Benfate, épouse du donateur. Les frères de
l'hospice devront faire mémoire d'eux chaque semaine.
Sont mentionnés dans l'acte, les témoins : Vilencus, Aymon, Falco,
Goterius, Andréas, Egidius, Guido. De plus, celui qui a écrit et signé
l'acte au nom du chancelier Guido s'appelle Turumbert. Le parchemin
(11.2 x 19.6 cm) est écrit au recto et au verso.
Testament, 12 septembre 1349 (AGSB 4556)
Jaquemet Morardi, de Landrea, lègue à l'église du Gd-St-Bernard par ce testament (18 x 11.2 cm) une rente annuelle d'une quartane de seigle assignée sur une terre située à la Bastors. Les témoins sont Pierre Buffet, Melmet Boriors, Jaquemet Gerodi, Antoine fils de Perronet et Jordan de Tyma, donzel, Guillaume fils de Jean Maodi, Guillaume Buffeti et Antoine fils de Pierre Buffeti. Le notaire Jean Alays, de Ste-Foi, autorisé par le juge de Tarentaise et Maurienne et commis aux minutes de Pierre del Carro, de Hauteville, y appose son paraphe.