Ecole de vie et d’incarnation

La montagne est un lieu privilégié afin de devenir pleinement homme incarné dans le temps et l’espace en contact avec le réel.

Elle exige une prise en considération de l’intégrité de sa personne : corps et esprit. Partir en montant sans cette unité se révèle bien souvent dangereux.

C’est grâce aux nombreuses fissures et blessures du rocher que nous pouvons grimper plus haut et aller de l’avant. Peut être que dans nos chemins, nous n’essayons pas assez de transformer nos faiblesses et blessures en force de vie et de dynamisme. L’exemple du rocher nous y encourage.

Elle est une école d’apprentissage de la vie : responsabilité, humilité, fraternité, émerveillement, prise de la bonne décision, renoncement et courage. Elle souligne aussi parfois amèrement nos propres dysfonctionnements : individualisme, prise de risque inconsidérée, prétention.

« La vie sobre de cabane nous apprend le détachement d’un certain confort plus souvent tyrannique que libérateur. Et cette sobriété simplifie nos relations,nous délivre de ces formules contournées d’une politesse déchue parce que tout extérieure et formaliste.
Lorsqu’on est attaché à la même corde combien de masques tombent, de façades s’écroulent, de barrières disparaissent. »
Gratien Volluz, prêtre et guide de montagne.


La montagne apparaît comme un révélateur d’humanité. Elle met parfois en lumière des traits de notre caractère inconnu, elle détruit souvent les masques et apparences derrière lesquels nous nous cachons en temps normal.

La montagne n’est en soi qu’un amas de rochers et de glaces, elle ne fait que nous renvoyer à nous même et ce que nous sommes. Il est ainsi plus juste de parler de spiritualité dans la montagne que de spiritualité de la montagne.

C’est aussi un des rares espaces de notre société où le mot liberté prend une force certaine. Cette liberté a pour pendant la responsabilité et l’engagement. Dans ces lieux, les hommes se rencontrent vraiment en toute authenticité et pauvreté.

« Les montagnes ne vivent que de l’amour des hommes.Là où les habitations, puis les arbres, puis l’herbe s’épuisent naît le royaume stérile, sauvage, minéral; cependant, dans sa pauvreté extrême, dans sa nudité totale, il dispense ne richesse qui n’a pas de prix : le bonheur que l’on découvre dans les yeux de ceux qui le fréquentent. »
Gaston Rébuffat.