Congrégation du Gd-St-Bernard / Patrimoine culturel

Musée - Expositions temporaires

Expo temporaire 2020

Musée de l’hospice du Grand-Saint-Bernard

« Présence sauvage »
La faune du Pays du Saint-Bernard photographiée par Alexandre Scheurer

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Quelle émotion lorsqu’au cours de nos randonnées dans la montagne, nous apercevons une marmotte, un lagopède, un troupeau de bouquetins! De telles rencontres sont comme des cadeaux, car elles nous montrent la diversité merveilleuse de la création; ellesnou rappellent aussi que nous partageons la terre avec d’autres créatures. Toutefois, lorsqu’elles ont lieu, ces rencontres sont souvent fugaces, l’animal sauvage préférant instinctivement rester éloigné, par prudence, comme s’il gardait le souvenir d’une relation douloureuse avec l’humain. La marmotte détale, le lagopède s’envole, les bouquetins s’éloignent tranquillement.

Pour avoir le temps d’admirer les animaux qui peuplent la montagne, nous pouvons compter sur les images que rapporte Alexandre Scheurer. Le photographe naturaliste passe le plus clair de son temps à observer la faune sauvage dans les Alpes valaisannes. Le Pays du Saint-Bernard, qui comprend le val d’Entremont, le val Ferret et le col du Grand-Saint-Bernard, fait partie de ses territoires de prédilection. Il y a vu le rut du cerf et la progression du chamois dans la neige, mais aussi la fuite d’une vipère et la délicate silhouette d’un papillon. En vrai naturaliste, Alexandre Scheurer s’intéresse à toutes les classes animales ; en pls de guetter les créatures emblématiques ou majestueuses, il sait voir les insectes, les batraciens, les reptiles. C’est là le signe d’un heureux disciple de Noé, qui ne conçoit la création que complète.

La question de la création est particulièrement sensible pour les chanoines du Grand-Saint-Bernard, eux qui vivent toute l’années dans le voisinage des animaux de la montagne, conscients de leur présence sauvage. Depuis mille ans qu’ils sont établis sur ces hauteurs minérales pour y accueillir leurs prochains, ils ont eu le temps de contempler la nature autour d’eux et de méditer sur la place de l’humain dans la création. A partir du 18° siècle, ils ont commencé d’étudier systématiquement les roches, les plantes, les animaux ; pionniers dans leurs domaines, le chanoine Murith et ses confrères ont ainsi contribué à la connaissance des écosystèmes alpins. Leur vocation religieuse leur donnait d’apprécier en toute chose vivante l’œuvre du Créateur ; elle leur donnait également la liberté de voir la création à la lumière des sciences naturelles.

Au fil des images, l’exposition donne à découvrir ou redécouvrir la pensée du pape François au sujet de la création, telle qu’il l’exprime dans son encyclique Laudato Sí, publiée en 2015 : « Toutes les créatures sont liées, chacune doit être valorisée avec affection et admiration, et tous en tant qu’êtres nous avons besoin les uns des autres. » Inspiré par saint François d’Assise, qui se savait uni à chaque créature par des liens fraternels, le pape François ne s’y trompe pas, voyant dans la nécessité de protéger la création, la nécessité de protéger l’humain.

Pierre Rouyer

Musée de l’hospice du Grand-Saint-Bernard